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Hélène Legrais : Une voix catalane entre journalisme et littérature

Profil d'Hélène Legrais (cette photo se trouve sur Babelio)
Profil d’Hélène Legrais (cette photo se trouve sur le site de Babelio)

Origines et formation : une double culture au service de l’écriture

Née le 21 mai 1961 à Perpignan, dans le quartier populaire de Saint-Jacques, Hélène Legrais est le fruit d’un métissage culturel : bretonne par son père et catalane par sa mère. Ce double héritage nourrit son imaginaire, mêlant la rigueur celtique à la passion méditerranéenne. Dès l’enfance, elle écrit des poèmes et des pièces de théâtre pour ses sœurs, développant ainsi un goût précoce pour la narration.​

Après des études d’histoire, elle intègre l’École Supérieure de Journalisme de Lille, dont elle sort major de la 58e promotion en 1984. Cette formation lui ouvre les portes de la radio nationale.​

Une carrière journalistique marquée par l’innovation

Hélène Legrais débute à France Inter avant de rejoindre Europe 1 en 1986, où elle reste quatorze ans. Elle y occupe divers postes, du service des sports à la coordination de l’information, en passant par la création du premier site d’information en continu « Europe Info ». En 2000, elle quitte Paris pour retourner en Catalogne et se consacrer à l’écriture.​

Une romancière engagée pour la mémoire catalane

Son premier roman, La Damoiselle d’Aguilar, paraît en 1996. Depuis, elle publie régulièrement des œuvres. Ces dernières mettent en lumière des épisodes méconnus de l’histoire catalane. C’est celle de la grève des transbordeuses d’oranges à Cerbère en 1906 (La Transbordeuse d’oranges). Il y a l’engagement d’Élisabeth Eidenbenz à la maternité suisse d’Elne (Les Enfants d’Élisabeth), ou encore la saga de l’entreprise JOB à Perpignan.​

Son vingtième roman, Nous étions trois (2020), s’inspire de son expérience journalistique et des défis rencontrés par les femmes dans ce milieu. En 2023, elle est élevée au rang de Chevalière dans l’Ordre des Arts et Lettres. Son dernier ouvrage, La Ballade d’Amélie (2023), aborde avec sensibilité le thème du burn-out à travers le parcours d’une chanteuse lyrique.​

Hélène Legrais avec un de ses romans (cette photo se trouve sur Le Petit Journal)
Hélène Legrais avec un de ses romans (cette photo se trouve sur le site  Le Petit Journal)

Une pédagogue investie dans la transmission

Parallèlement à son activité littéraire, Hélène Legrais anime des ateliers d’écriture. Elle intervient en milieu scolaire et donne des conférences sur la Catalogne. Elle collabore également au Diplôme Universitaire de Photojournalisme de l’Université de Perpignan, contribuant à la formation des futurs journalistes.​

Une voix radiophonique fidèle à ses racines

Depuis son retour en Catalogne, elle est chroniqueuse sur France Bleu Roussillon. Elle partage quotidiennement des anecdotes historiques sur les Pyrénées-Orientales. Cette chronique, diffusée chaque jour sauf le week-end, témoigne de son attachement profond à sa région natale.

Hélène Legrais à Perpignan (cette photo se trouve sur Radio France)
Hélène Legrais à Perpignan (cette photo se trouve sur le site de Radio France)

Hélène Legrais

Vous souhaitez en découvrir plus sur les personnages célèbres catalans qui y ont laissé leurs empreintes.

Henri Rouvière : Le cartographe du corps humain

Henri Rouvière
Henri Rouvière (cette photo se trouve sur le site de JeanFrançoisUHL)

Il y a des noms qui ne hantent pas les places publiques, mais qui traversent les générations en silence, inscrits dans les marges de manuels et dans la mémoire des savoirs. Henri Rouvière est de ceux-là. Médecin discret, anatomiste rigoureux, il n’a pas cherché la lumière des grands amphithéâtres médiatiques, mais celle, plus intime et tenace, qui éclaire la connaissance. À force de patience et d’exigence, il a laissé derrière lui une œuvre que chaque étudiant en médecine continue, encore aujourd’hui, de côtoyer comme un monument : l’Atlas d’anatomie humaine qui porte son nom.

Qui est Henri Rouvière ?

Henri Rouvière naît en 1876 à Le Bleymard, au cœur de la Lozère. Un pays de vent, de pierre et de solitude. Là-bas, les paysages ne crient pas, ils se taisent. Ils forcent à l’introspection. Dans ce monde âpre et sublime, entre monts cévenols et causses calcaires, l’enfant s’imprègne de rigueur, d’endurance, d’un rapport à la nature presque minéral. Ce n’est pas un hasard si sa vocation naît là, dans cette terre à la fois rude et précise. Ce qu’il observe autour de lui, il le retrouvera plus tard dans les replis du corps humain : des structures solides, des lignes nettes, des articulations secrètes.

L’homme du dedans

Henri Rouvière ne fut pas un homme de discours. Il fut un homme de dessous, de profondeur, de cette science intime qu’est l’anatomie. Après des études brillantes à Montpellier, puis à Paris, il s’oriente définitivement vers l’enseignement et la recherche anatomique. Il devient chef de travaux anatomiques à la faculté de médecine de Paris, avant de diriger l’Institut d’anatomie.

Ce qu’il cherche, ce n’est pas seulement à nommer. C’est à comprendre, classer, transmettre. Il observe, il dissèque, il dessine. À l’image des grands géographes du passé, il devient cartographe de l’invisible, bâtissant patiemment une œuvre qui sera à la médecine ce que les atlas sont aux navigateurs : un guide, un repère, une boussole.

Le livre nommé "Atlas aide-memoire d'anatomie" écrit par Henri Rouvière
Le livre nommé « Atlas aide-memoire d’anatomie » écrit par Henri Rouvière (cette photo se trouve le site d’encrage)

Le lymphatique comme territoire

Parmi les multiples systèmes du corps humain, il en est un que Rouvière a étudié avec une minutie d’orfèvre : le système lymphatique. Peu connu, souvent négligé, il l’aborde avec la même rigueur que s’il s’agissait d’une capitale anatomique. En 1932, il publie “Anatomie des Lymphatiques de l’Homme”, une œuvre pionnière, exhaustive, structurée — encore utilisée aujourd’hui comme référence.

« Rouvière », ce n’est plus seulement un nom. C’est une nomenclature, une carte, un lexique.

Dans les facultés de médecine, on apprend les chaînes ganglionnaires « de Rouvière », les classifications « de Rouvière », comme on apprend la grammaire d’une langue universelle.

Le maître invisible

Henri Rouvière n’a jamais cherché à devenir une figure. Pas de statue, pas de conférence flamboyante, pas de phrases célèbres. Il laisse plutôt derrière lui des planches méticuleuses, des livres d’une précision chirurgicale, des générations de médecins qu’il a formés sans ne les avoir jamais rencontrés. Ce sont ses planches, ses croquis, ses mots qui continuent d’enseigner.

Rouvière est devenu une main qui guide, un regard qui éclaire.

Et dans un monde où l’image l’emporte souvent sur la substance, il demeure un rappel précieux : celui d’un savoir humble, profond, bâti sur la patience et la justesse.

Une trace dans le temps

Henri Rouvière s’éteint en 1952, mais son nom, lui, continue de battre au rythme des cours de médecine. Dans les amphis du XXIe siècle, dans les salles de dissection, dans les blocs opératoires, le langage qu’il a construit reste une langue vivante.

Et dans chaque étudiant qui ouvre un atlas en tremblant un peu, dans chaque chirurgien qui repère un ganglion et murmure “Rouvière”, il y a quelque chose de lui qui survit.

Henri Rouvière n’était pas un héros au sens spectaculaire du terme. Mais il fut un architecte du savoir. Un sculpteur du réel. Et surtout, un passeur.

De la Lozère à la science, il a tracé un chemin invisible, fait de rigueur et d’élégance. Une vie tournée non vers le dehors, mais vers le dedans — là où bat le mystère du vivant.

Médaille d'Henri Rouvière
Médaille d’Henri Rouvière (cette photo se trouve sur le site de Metagellan)

Henri Rouvière

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Foulques de Villaret : Le dernier grand maître croisé

Profil de Foulques de Villaret
Profil de Foulques de Villaret (cette photo se trouve sur le site de Robert Morrisson)

Certains noms résonnent comme des échos lointains d’un monde disparu, des noms couverts de poussière et de fer, de silence et de foi. Foulques de Villaret est de ceux-là. Moine et guerrier, stratège et homme d’ambition, il fut le vingt-sixième grand maître de l’Ordre des Hospitaliers, dans un temps où le sabre et la prière se confondaient, où les îles de la Méditerranée étaient des forteresses flottantes, et où l’idéal des croisades vivait ses derniers feux.

Qui est Foulques de Villaret ?

Né vers 1270 au château d’Allenc, Foulques de Villaret appartient à cette noblesse méridionale forgée dans les guerres, les vignes et les pierres. Il entre jeune dans l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem — les Hospitaliers — un ordre religieux devenu militaire, chargé de soigner les pèlerins… mais surtout de défendre les royaumes chrétiens en Terre Sainte.

Quand il est élu grand maître en 1305, l’Ordre n’est plus ce qu’il était. Chassé de Terre Sainte, exilé à Chypre, il n’a plus de territoire propre. Ses chevaliers, redoutables, sont devenus presque des moines errants. Mais Foulques, lui, voit plus loin. Il n’est pas là pour entretenir les cendres — il veut rallumer le feu.

La conquête de Rhodes : le rêve d’un royaume

C’est dans la Méditerranée qu’il cherche un nouveau bastion. En 1306, il cible Rhodes, île byzantine stratégique aux portes de l’Orient. Pendant trois ans, il organise, intrigue, combat. Et en 1309, il réussit ce que beaucoup croyaient impossible : l’Ordre des Hospitaliers devient souverain.

Rhodes est prise. Elle devient leur capitale.

Foulques n’est plus seulement un maître spirituel, il devient prince, commandant, bâtisseur d’un État.

Sous son impulsion, Rhodes devient une cité fortifiée, un port actif, une enclave chrétienne dans un monde musulman en expansion. Il y installe des chevaliers venus de toute l’Europe, fait frapper des monnaies, édifie des remparts. L’Ordre renaît.

Il aura fallu un homme, et une île, pour faire revivre un empire tombé.

La défense de Rhodes par Foulques de Villaret
La défense de Rhodes par Foulques de Villaret (cette photo se trouve sur le site de Meisterdrucke)

L’ombre du pouvoir

Mais les grands destins s’accompagnent toujours de zones grises. Foulques de Villaret, s’il est un chef, est aussi un homme. Ambitieux, autoritaire, parfois manipulateur, il finit par diviser. En 1317, une révolte éclate au sein même de l’Ordre. Ses propres frères le forcent à quitter Rhodes.

Il s’exile à Naples, loin de l’île qu’il a conquise. On le dit isolé, amer, mais toujours digne. Il ne renonce pas à son titre. En 1319, il est finalement remplacé. Mais jusqu’à sa mort, vers 1327, il restera le maître sans royaume, mais pas sans gloire.

Héritage de pierre et de silence

Foulques de Villaret n’a pas fondé une dynastie, il a fondé un territoire. Et surtout, il a donné à l’Ordre des Hospitaliers ce qu’aucun autre maître n’avait pu lui offrir depuis la perte de Jérusalem : un avenir.

Grâce à lui, les Hospitaliers survivront encore deux siècles à Rhodes, puis trois à Malte. Leur mémoire est inscrite dans la pierre des remparts, dans le tracé des bastions, dans les archives du Vatican et les cartes marines.

Aujourd’hui encore, son nom demeure sur une plaque, une ruelle, une stèle oubliée.

Mais ce qu’il a construit dépasse le marbre et les mots : c’est une idée. Celle d’un Ordre militaire survivant à la chute de ses rêves, se réinventant au fil des siècles, porté par la vision d’un homme qui, entre croisade et pragmatisme, aura su incarner l’un des derniers grands élans du Moyen Âge.

Foulques de Villaret fut un homme d’action dans un monde en transition. Moine et prince, soldat et stratège, il appartient à cette race de bâtisseurs qui ne cherchent pas l’immortalité dans la pierre, mais dans la mémoire des hommes.

Et dans les vents qui soufflent encore sur Rhodes, on devine parfois le murmure de ses pas — ceux d’un maître sans trône, mais à jamais souverain.

Ecusson de la famille de Villaret
Ecusson de la famille de Villaret (cette photo se trouve sur le site de Wikipédia)

Foulques de Villaret

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Gilles Servat : Le Poète et Chanteur Engagé de la Bretagne

 

Gilles Servat
Gilles Servat (cette photo se trouve sur Flickr)

Une Enfance Entre Racines et Inspirations

Né en 1945 à Tarbes, Gilles Servat découvre la Bretagne et sa culture alors qu’il est étudiant. Fasciné par la langue bretonne et les traditions celtiques, il s’installe à Nantes et commence à composer des chansons inspirées du mouvement folk et de la musique traditionnelle. Son engagement se traduit rapidement par des textes forts, porteurs de messages identitaires et militants.

En 1972, il sort son premier album qui contient « La Blanche Hermine », une chanson devenue un véritable hymne de la culture bretonne. Ce morceau, à la fois poétique et revendicatif, symbolise son combat pour la reconnaissance de la Bretagne et de sa langue. Le succès est immédiat et marque le début d’une carrière prolifique..

Le Succès de « La Blanche Hermine »

En 1970, il sort « La Blanche Hermine », une chanson devenue hymne de la cause bretonne. Ce morceau symbolise son engagement politique et culturel, dénonçant l’oppression et revendiquant une identité forte. Son succès propulse sur la scène musicale nationale et internationale.

Gilles Servat en train de chanter
Gilles Servat en train de chanter (cette photo se trouve sur Flickr)

Un Artiste Polyvalent et Engagé

Tout au long de sa carrière, Gilles Servat alterne entre tradition et modernité. Ses albums explorent des thèmes variés : l’amour, la révolte, la défense de l’environnement et la beauté du territoire breton. Il n’hésite pas à mélanger les styles musicaux, en intégrant des sonorités plus contemporaines à sa musique folk.

Parmi ses œuvres marquantes, on retrouve « Madame la Colère », une chanson engagée sur les luttes sociales, ainsi que « Je dors en Bretagne ce soir », qui exprime tout son attachement à cette terre qu’il a adoptée. Il collabore également avec d’autres figures du mouvement celtique, comme Alan Stivell et Dan Ar Braz, et participe à l’essor de la musique bretonne sur la scène internationale.

Une Carrière Riche et Toujours Active

À plus de 75 ans, Gilles Servat continue de se produire sur scène. Il défend la culture bretonne avec passion. Son engagement ne faiblit pas. Il reste un artiste incontournable pour tous ceux qui s’intéressent à la musique celtique et aux traditions de Bretagne.

Son influence dépasse largement le cadre de la musique : il est aussi un auteur prolifique, avec plusieurs recueils de poèmes et romans. Son œuvre, toujours vivante, témoigne d’un attachement profond à une culture qu’il n’a cessé de défendre et de faire rayonner.

Il est bien plus qu’un chanteur : il est un passeur de mémoire et une légende vivante de la musique bretonne.

Gilles Servat dans un concert
Gilles Servat dans un concert (cette photo se trouve sur Flickr)

Gilles Servat

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Pierre Soulages : L’homme qui sculptait la lumière avec du noir

Le portrait de Pierre Soulages (cette photo se trouve sur le site de Sitem)
Le portrait de Pierre Soulages (cette photo se trouve sur le site de Sitem)

Pierre Soulages : L’homme qui sculptait la lumière avec du noir

Il y a des artistes que l’on reconnaît en un instant. Une toile, une matière, une empreinte. Pierre Soulages est de ceux-là. Son noir, total, profond, insaisissable, ne se contentait pas d’absorber la lumière. Il la révélait. Il laissait couler sur la surface rugueuse de la peinture comme une rivière sur la pierre, sculptant l’invisible, jouant avec l’ombre et l’éclat. Ce dernier n’a jamais voulu raconter d’histoires, encore moins représenter le monde. Il a choisi une autre voie : celle d’un dialogue silencieux entre la matière et la lumière, entre l’homme et l’absolu.

L’Aveyron, terre de contrastes et de racines

Pierre Soulages naît à Rodez en 1919, dans cette Aveyron âpre et minéral, où les toits d’ardoise se confondent avec le ciel d’orage. Il y a dans cette terre quelque chose de brut, d’éternel, une austérité qui ne cherche pas à plaire. Soulages s’en imprègne. Enfant, il s’émerveille devant les formes primitives des menhirs sculptés qui parsèment la région. Il observe la lumière rasante sur la pierre, la manière dont elle en exalte chaque relief, chaque imperfection.

Très tôt, il sait qu’il sera peintre. Pas pour représenter des paysages ou des figures, mais pour autre chose. Quelque chose d’instinctif, d’organique. À Montpellier, puis à Paris, il suit les Beaux-Arts sans vraiment s’y conformer. Trop de cadres, trop de conventions. Il s’en détourne. Il veut aller ailleurs, plus loin.

Le noir comme unique langage

Après la guerre, il trouve enfin sa voie. À l’époque, l’art abstrait se déploie en mille directions : certains cherchent l’émotion pure, d’autres explorent la couleur. Lui choisit le noir. Mais pas un noir mélancolique ou tragique. Un noir vivant, vibrant, en mouvement. Ce sera son territoire, son langage, son absolu.

Dès les années 1950, ses toiles imposent un style unique : des surfaces noires traversées de stries, de griffures, d’effacements. Soulages ne peint pas, il sculpte la lumière dans l’obscurité. Il gratte, il brosse, il étale la matière pour que la lumière s’y accroche, s’y reflète, s’y brise. Son noir devient un espace où tout se joue.

Le monde de l’art ne s’y trompe pas. Très vite, ses œuvres traversent les frontières. New York, Tokyo, Berlin… Les musées s’arrachent ce français qui réinvente la lumière avec du noir.

L’Outrenoir, l’invention d’un monde

Mais ce n’est qu’en 1979 qu’il atteint l’essence même de son travail : l’Outrenoir. Un concept, une révolution. L’Outrenoir, c’est un noir total, absolu, travaillé uniquement pour sa relation avec la lumière. Plus question de composition ou de formes, seule compte la manière dont la peinture capte l’éclat, dont elle réagit au regard et au mouvement. Soulages peint sur de grandes surfaces où le noir, par ses variations de textures, devient un champ d’expériences infinies.

Dès lors, son œuvre n’a plus d’autre sujet que cette quête obsessionnelle. Chaque toile est un dialogue avec la lumière, une façon d’aller au-delà de la couleur, au-delà du visible. « Le noir est une couleur qui fait surgir une lumière propre », disait-il. Ce noir, il l’aimait comme on aime un territoire, un pays intérieur qu’il arpenterait sans fin.

Musée Soulages (cette photo se trouve sur le site du musée Soulages)
Musée Soulages (cette photo se trouve sur le site de Conques Tourisme)

L’ultime éclat : les vitraux de Conques

C’est en revenant à ses racines qu’il signe l’un de ses chefs-d’œuvre les plus intemporels. En 1986, il est choisi pour créer les vitraux de l’abbatiale de Conques. Un défi immense : faire dialoguer son art radical avec un lieu millénaire, où la lumière et la pierre sont déjà en symbiose. Il conçoit alors des vitraux d’une pureté absolue, où la lumière ne passe pas à travers des couleurs éclatantes mais à travers une matière subtilement travaillée, filtrée, adoucie, transfigurée.

Ce n’est plus seulement la peinture, ce n’est plus seulement l’Outrenoir : c’est un art total, un travail qui transcende l’époque et s’inscrit dans le temps long, celui des cathédrales, des civilisations.

L’immortalité par la lumière

Jusqu’à la fin, Pierre Soulages aura poursuivi la même quête. Travaillant dans son atelier, peignant encore et encore, cherchant toujours cette alchimie entre la matière et l’immatériel. Il s’éteint en 2022, à l’âge de 102 ans, laissant derrière lui une œuvre qui ne cesse de dialoguer avec la lumière, et avec nous.

Dans son musée de Rodez, au cœur de son Aveyron natal, ses toiles noires continuent d’accrocher l’éclat du jour, de renvoyer la lumière qu’on croyait perdue. Comme une dernière leçon. Comme un dernier éclat.

Un de ses peintures à l’huile sur toile (cette photo se trouve sur le site Pierre Soulages)
Un de ses peintures à l’huile sur toile (cette photo se trouve sur le site Pierre Soulages)

Pierre Soulages

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Marie Talabot : L’orpheline qui s’éleva au-dessus des montagnes

Le livre sur Marie Talabot (cette photo se trouve sur le site Decitre)
Le livre sur Marie Talabot (cette photo se trouve sur le site Decitre)

Marie Talabot : L’orpheline qui s’éleva au-dessus des montagnes

Il est des destins qui défient le cours du fleuve, des âmes qui refusent de couler dans le lit qu’on leur a creusé. Marie Talabot est de celles-là. Issue d’une terre rude, l’Aveyron, où les vallées encaissent les vies comme elles encaissent les orages, elle aurait dû rester une ombre parmi tant d’autres. Mais elle avait en elle cette force indomptable, ce mélange de ténacité et d’audace qui forge les grandes histoires.

De l’orphelinat aux ors de la haute société

Marie Anne Savy voit le jour en 1822 à Saint-Geniez-d’Olt, une bourgade qui sent le cuir tanné et la pierre usée par le temps. Son père, tisserand vieillissant, a déjà un lourd passé derrière lui lorsqu’elle naît. Sa mère, plus jeune, disparaît trop tôt, laissant l’enfant seule face à un avenir incertain. L’orphelinat devient son refuge et son carcan, un monde clos dont peu s’échappent. Mais Marie, elle, veut autre chose.

À 15 ans, elle quitte son Aveyron natal et part pour Marseille. Là-bas, elle n’est qu’une domestique parmi tant d’autres, une jeune fille effacée dans les couloirs des maisons bourgeoises. Pourtant, dans cette ville en pleine effervescence industrielle, son destin prend un tournant inattendu. Elle croise Paulin Talabot, ingénieur polytechnicien, banquier, pionnier du chemin de fer, et surtout, un homme influent. De 23 ans son aîné, il voit en elle une femme qui n’a pas froid aux yeux. Elle devient sa compagne, son alliée, avant d’être officiellement son épouse bien des années plus tard, en 1857.

La grandeur et l’ambiguïté

Madame Talabot n’est plus la jeune fille effacée des ruelles marseillaises. Aux côtés de son mari, elle évolue dans un monde de puissance et d’argent. Paris, Marseille, le château du Roucas Blanc… Elle fréquente l’élite, tient salon, et, dit-on, reçoit les esprits brillants de son époque : Haussmann, Eiffel, Gambetta, Delacroix. La légende est belle, mais qu’importe si elle est embellie ? Marie Talabot n’est plus une simple orpheline de Saint-Geniez : elle est une femme qui compte.

Mais là où d’autres se contenteraient de savourer leur ascension, elle, regarde en arrière. Son enfance pauvre, les regards condescendants de ceux qui l’ont vue partir, les humiliations discrètes de son passé… Tout cela ne s’efface pas. Alors, elle donne. Elle finance des œuvres caritatives, soutient des orphelinats, et surtout, elle n’oublie pas son village natal. Saint-Geniez-d’Olt reçoit ses dons : l’hospice, l’orphelinat qui l’a recueillie autrefois. Générosité sincère ou revanche éclatante sur ceux qui doutaient d’elle ? La question reste en suspens.

Certains la voient comme une bienfaitrice au grand cœur. D’autres murmurent qu’elle a utilisé son charme et son intelligence pour s’élever, et que ses largesses ne sont qu’un moyen d’exhiber sa réussite. Peu importe. L’histoire n’est jamais blanche ou noire. Ce qui est sûr, c’est que Marie Talabot a bâti son destin comme on bâtit une cathédrale : pierre après pierre, avec patience et ambition.

Monument Talabot (cette photo se trouve sur le site Tourisme Aveyron)
Monument Talabot (cette photo se trouve sur le site Tourisme Aveyron)

Un dernier éclat, au sommet de son empire

Veuve en 1885, elle continue de régner sur son monde. Mais l’histoire a un sens de l’ironie. En 1889, alors que Paris célèbre l’inauguration de la tour Eiffel, symbole du progrès et de la grandeur, Marie tombe malade. Une pneumonie, dit-on, contractée lors des festivités. Elle s’éteint quelques mois plus tard, à Marseille, dans son château.

Mais elle avait déjà tout prévu. Si la vie lui a imposé l’effacement dans son enfance, sa mort, elle, sera un monument. Son mausolée s’élève sur les hauteurs de Saint-Geniez-d’Olt, dominant le village qui l’a vue naître. Comme un défi lancé au destin. Comme un dernier mot adressé à ceux qui l’avaient sous-estimée.

Marie Talabot n’a pas simplement traversé son époque : elle l’a gravée dans la pierre. Amoureuse ou stratège, philanthrope ou ambitieuse, qu’importe. Ce qui reste, c’est l’histoire d’une femme qui, contre tous les pronostics, a transformé le ruisseau de son enfance en un fleuve puissant.

L'acte de naissance de Marie Talabot (cette photo se trouve sur En quête d'Aïeux)
L’acte de naissance de Marie Talabot (cette photo se trouve sur En quête d’aïeux)

Marie Talabot

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D’Artagnan : l’aigle des mousquetaires

Le portrait de d'Artagnan
Le portrait de D’Artagnan (cette photo se trouve sur Wikipédia)

Qui est D’Artagnan ?

Né en 1613 à Lupiac, Charles de Batz de Castelmore, dit d’Artagnan, devient un militaire d’exception au service de Mazarin et Louis XIV. Capitaine de la première Compagnie des Mousquetaires, il meurt au siège de Maastricht (Pays-Bas) en 1673. Sa vie, entre réalité et fiction, est immortalisée par Alexandre Dumas dans Les Trois Mousquetaires (1844), inspiré des Mémoires de Monsieur d’Artagnan de Courtilz de Sandras.
L’historienne Odile Bordaz lui consacre plus de quinze ans de recherches. Elle est l’auteure de plusieurs ouvrages de référence, dont D’Artagnan. Capitaine-Lieutenant des Grands Mousquetaires du Roy (2001) et Sur les chemins de d’Artagnan et des Mousquetaires (2021) et encore …

Condom : un écrin pour le mousquetaire

Le Gers, terre natale du véritable d’Artagnan, ne pouvait qu’honorer son plus illustre fils. La ville de Condom, en particulier, lui a érigé une statue qui va bien au-delà d’un simple monument. Réalisée par le sculpteur Zurab Tsereteli, cette œuvre imposante capture toute la prestance du mousquetaire, accompagné de ses fidèles compagnons Athos, Porthos et Aramis. À leurs pieds, les visiteurs s’arrêtent, admirent, et se laissent transporter dans une épopée intemporelle.

D'Artagnan et Les 3 Mousquetaires, un monument historique à Condom
D’Artagnan et Les 3 Mousquetaires, un monument historique à Condom (cette photo se trouve sur le site tourisme du Gers)

Auch et son Escalier monumental

Un autre hommage à d’Artagnan se trouve à Auch, capitale historique de la Gascogne. L’Escalier Monumental, chef-d’œuvre architectural du XIXe siècle, accueille une imposante statue du mousquetaire, dominant fièrement la ville. Cet escalier, qui relie la ville basse à la haute, est un passage incontournable pour quiconque veut marcher sur les traces de l’illustre Gascon. Il offre une vue imprenable sur la vallée du Gers et constitue un lieu chargé d’histoire et d’émotions.

Plus qu’un héros, un esprit

Mais il n’est pas qu’un personnage figé dans le marbre de l’histoire. Il est un état d’esprit. Son cri de ralliement, « Un pour tous, tous pour un ! », résonne comme une invitation à la solidarité et à l’audace. 
Alors, si un jour vos pas vous mènent dans le Gers, faites un détour par Condom ou Auch. Laissez-vous emporter par le souffle épique du plus célèbre des Gascons et rendez hommage à l’âme intrépide qui, même figée dans le bronze, semble toujours prête à dégainer.

Statue de d'Artagnan, inspirée par Alexandre Dumas – XVIIe arrondissement, Paris
Statue de d’Artagnan, inspirée par Alexandre Dumas – XVIIe arrondissement, Paris (cette photo se trouve sur le site Wikipédia)

D’Artagnan

Vous souhaitez en découvrir plus sur les personnages célèbres gersoises qui y ont laissé leurs empreintes.

La cuisine de d’Artagnan, entre tradition et gourmandise dans l’esprit des mousquetaires ! Découvrez encore plus de saveurs en visitant Ratchow, un site riche en recettes de cuisine et bien plus encore.

Première partie du livre de cuisine de d'Artagnan : plus de 60 recettes d'Alexandre Dumas – écrit par Jacqueline Ury.
Première partie du livre de cuisine de d’Artagnan : plus de 60 recettes d’Alexandre Dumas – écrit par Jacqueline Ury. (cette photo se trouve sur le site Fnac)

Yves Navarre : Écrivain engagé et plume libre du XXe siècle

 

Yves Navarre Yves Navarre (cette photo se trouve sur le site Médiathèque Montpellier)
Yves Navarre (cette photo se trouve sur le site Médiathèque Montpellier)

Yves Navarre : L’écrivain libre qui a marqué la littérature française

Né le 24 septembre 1940 à Condom et disparu le 24 janvier 1994 à Paris, Yves Navarre est une figure incontournable de la littérature française du XXe siècle. Romancier, dramaturge et militant, il a consacré sa plume à l’exploration de l’intime et des sentiments, abordant avec une rare sensibilité l’amour, la liberté et l’injustice.

Un écrivain à contre-courant

Il a eu l’EDHEC en 1964 après des études de lettres et de langues. Yves Navarre débute sa carrière dans la publicité avant de se consacrer pleinement à l’écriture. Il fait une entrée remarquée en 1971 avec Lady Black. C’est un roman mettant en scène des travestis. Puis, il se fait connaître en 1973 avec Les Loukoums. Ce dernier décrit une société frappée par une étrange épidémie à New York.

Loin des conventions, Navarre explore sans détour les relations amoureuses entre hommes dans des romans poignants comme Le Petit Galopin de nos corps (1977) et Portrait de Julien devant la fenêtre (1979). En 1980, il reçoit le prix Goncourt pour Le Jardin d’acclimatation, un récit bouleversant sur l’internement et la lobotomie d’un jeune homme homosexuel dans une famille bourgeoise.

Le Jardin D'acclimatation - Littérature | Rakuten
Le livre « Jardin d’acclimatation » d’Yves Navarre (cette photo se trouve sur le site de Rakuten)

Un engagement littéraire et politique

Figure de la littérature LGBTQ+, Yves Navarre refuse d’être réduit à une « littérature gay ». Il préfère de parler de sensualité plutôt que de sexualité. Ses romans, empreints d’une profonde humanité, dénoncent l’intolérance et la violence sociale. Son talent et son engagement lui valent d’être sollicité par François Mitterrand comme porte-parole des homosexuels en 1981 et 1989.

L’exil et la fin tragique

Entre 1990 et 1993, l’auteur s’installe à Montréal. Où il publie Ce sont amis que vent emporte (1991), un roman bouleversant sur un couple confronté au sida. De retour en France, éprouvé par la solitude et l’incompréhension du milieu littéraire, il met fin à ses jours le 24 janvier 1994.

La statue d'Yves Navarre (cette photo se trouve sur le site d'INA)
La statue d’Yves Navarre (cette photo se trouve sur le site d’INA)

Un héritage littéraire à redécouvrir

Longtemps oublié, il connaît aujourd’hui une reconnaissance posthume. Son œuvre, empreinte de liberté et de sincérité, résonne encore comme un plaidoyer vibrant pour la tolérance et l’amour.

Yves Navarre

Vous souhaitez en découvrir plus sur les personnages célèbres gersois qui y ont laissé leurs empreintes.

Antoine Deparcieux : les équations du temps

Antoine Deparcieux (1703-1768)
Antoine Deparcieux (1703-1768) (cette photo se trouve sur le site biographique mathématicien)

Un savant polyvalent

L’un des premiers grands accomplissements de Deparcieux est la publication de son « Traité de trigonométrie rectiligne et sphérique » en 1738, un ouvrage qui offrait une approche détaillée de la trigonométrie dans ses deux formes : rectiligne et sphérique. À travers ce travail, il a permis d’améliorer les méthodes de calcul pour la navigation et la géométrie, des domaines clés à une époque où la précision mathématique était essentielle.
En 1740, il publie un « Nouveau traité de trigonométrie » avec des tables de sinus et logarithmes. Ces outils ont permis d’accélérer et d’améliorer la précision des calculs dans les domaines scientifiques et techniques. L’usage des logarithmes, popularisé quelques décennies auparavant, devient une norme dans les calculs complexes, et Deparcieux contribue à rendre ces méthodes accessibles au grand public scientifique.

Les probabilités et la démographie

Mais c’est dans le domaine des sciences sociales, en particulier dans l’étude de la mortalité humaine, que Deparcieux fait une véritable percée. En 1746, il publie son « Essai sur les probabilités de la durée de la vie humaine », un ouvrage fondateur qui introduit des tables de mortalité et des méthodes de calcul des rentes viagères et des tontines. Ces concepts, qui appliquent les mathématiques aux risques de survie et aux prévisions économiques, ont été essentiels pour le développement de l’assurance-vie et des systèmes financiers modernes. Deparcieux réussit ainsi à combiner les probabilités et les besoins pratiques des sociétés de son époque.

Le collège Antoine Deparcieux
Le collège Antoine Deparcieux (cette photo se trouve sur le site de l’établissement)

De la gnomonique à l’ingénierie

Outre ses travaux mathématiques, Deparcieux s’intéresse également à des domaines plus appliqués. En 1741, il publie son « Traité complet de gnomonique », dans lequel il explore les principes géométriques derrière les horloges solaires et les calculs de l’ombre. La gnomonique, étude des instruments pour mesurer le temps en fonction des positions du soleil. C’est un domaine crucial dans le développement des instruments d’observation de l’époque.
>De plus, Deparcieux ne se limite pas à la théorie : en 1762, il propose un projet ambitieux pour amener la rivière d’Yvette à Paris, un projet d’ingénierie hydraulique visant à améliorer l’approvisionnement en eau de la capitale. Il démontre l’intérêt de Deparcieux pour les enjeux pratiques et urbains de son temps.

Un héritage oublié

Ses travaux ont eu une influence majeure, mais des figures emblématiques comme Euler ou Lagrange l’ont souvent éclipsé. Il n’a pas cherché la reconnaissance personnelle. Son nom est aujourd’hui trop souvent négligé dans les manuels d’histoire des sciences. Pourtant, ses tables de mortalité, ses contributions à la trigonométrie et ses innovations en matière de calcul des rentes ont eu une influence durable. C’est sur des domaines aussi variés que les mathématiques, l’économie, et l’urbanisme.
Antoine Deparcieux reste une figure clé, mais discrète, de l’histoire des sciences, dont l’œuvre mérite d’être redécouverte et valorisée. Son héritage continue d’être un fondement de nombreuses disciplines modernes. Il s’agit de la démographie, de l’actuariat, ou de l’ingénierie civile.

Publication du "Traité de trigonométrie rectiligne et sphérique" (1738)
Publication du « Traité de trigonométrie rectiligne et sphérique » (1738) (cette photo se trouve sur le site)

Antoine Deparcieux

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Domitius Afer : un des plus grands orateurs romain

Domitius Afer
Buste de Domitius Afer (cette photo se trouve sur X)

Cnaeus Domitius Afer, né vers 16 av. J.-C. à Nemausus (aujourd’hui Nîmes) en Gaule narbonnaise, est l’un des orateurs romains les plus célèbres et les plus controversés de son époque. Il a vécu sous les règnes de Tibère, Caligula, Claude et Néron, et son parcours reflète les hauts et les bas d’une carrière marquée par des talents exceptionnels mais également par des manœuvres politiques douteuses.

Un Orateur de Renom

Élève de l’illustre Quintilien, Domitius Afer est décrit comme l’un des plus grands orateurs de Rome, réputé pour sa maîtrise du discours et sa capacité à captiver son auditoire. Quintilien va même jusqu’à affirmer qu’il n’a jamais connu un orateur aussi brillant. Pourtant, malgré ce talent, son ascension au sein du sénat romain est marquée par des comportements plus sombres, notamment son rôle en tant qu’informateur public.

Une Carrière Marquée par les Intrigues

L’une des étapes clés de sa carrière a été sa collaboration avec l’empereur Tibère, où il a gagné sa faveur en accusant Claudia Pulchra, la veuve de Varus, d’adultère et d’utilisation de magie contre l’empereur. Cet acte de délation le propulsa sous les projecteurs politiques. Cependant, sous le règne de Caligula, il fut mis en accusation, mais réussit à se sortir de cette situation grâce à une habile combinaison de flatteries et de supplications, avec l’appui de Calliste, un affranchi de l’empereur.

En 39 apr. J.-C., Caligula le nomme consul suffect, un titre prestigieux qui témoigne de l’influence de Domitius Afer à cette époque.

Le livre sur Domitius Afer
Le livre sur Domitius Afer (cette photo se trouve sur Amazon)

Une Adoption Controversée

Vers 41 apr. J.-C., il adopte les frères Cnaeus Domitius Curvius, après avoir joué un rôle dans la ruine de leur père biologique, Sextus Curvius Tullus. Les raisons de cette adoption restent obscures. Les relations entre Domitius Afer et ses enfants adoptifs étaient tendues, selon le témoignage de Pline le Jeune. Ce dernier mentionne également une tentative de Domitius Afer de confisquer les biens du père biologique. Bien qu’il n’ait pas réussi à modifier son testament. À sa mort, en 59 apr. J.-C., ses deux fils héritèrent de ses biens et de ceux de leur père biologique.

Fin de Vie et Héritage

Domitius Afer décède en 59 apr. J.-C. d’une indigestion, selon le chroniqueur Jérome. Malgré sa fin tragique, son influence en tant qu’orateur et sa place dans l’histoire romaine restent notables. Quintilien a d’ailleurs conservé certaines de ses maximes pleines d’esprit, témoignant de son esprit acéré et de son éloquence.

Le sénat romain
Le sénat romain (cette photo se trouve sur le site de Mythologica)

Domitius Afer

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