Profil de Marie-Rose Gineste (1940) (cette photo se trouve sur le site de l’école Institut Théas)
Qui est Marie-Rose Gineste ?
Imagine une jeune femme de vingt ans, un brassard de la Croix-Rouge au bras, arpentant les routes de la France occupée, des messages cachés dans la doublure de son manteau. Son nom n’est pas gravé dans les manuels scolaires, et pourtant, Marie-Rose Gineste (1925–2020) fut une résistante française au courage inouï. Née à Montpellier, elle a grandi dans le Tarn, et dès l’adolescence, elle s’est engagée sans relâche contre l’occupant nazi et les persécutions antisémites. C’était une héroïne discrète mais déterminante.
Une résistante de l’ombre dès l’adolescence
Ce qui marque dans le parcours de Marie-Rose Gineste, c’est la précocité de son engagement. À 17 ans, elle devient l’un des maillons essentiels de la Résistance dans le sud-ouest de la France. Membre de l’Armée secrète, elle agit sous couvert de la Croix-Rouge, ce qui lui permet de franchir les barrages allemands sans éveiller les soupçons. Elle transporte des messages, des faux papiers, et parfois même des personnes recherchées.
> Elle travaille en lien étroit avec l’évêque de Montauban, Monseigneur Théas, l’un des rares religieux français à avoir dénoncé publiquement la déportation des Juifs. Ensemble, ils diffusent des tracts, cachent des enfants, sauvent des vies.
Une voix pour ceux qu’on voulait faire taire
En pleine barbarie nazie, Marie-Rose Gineste devient une voix de la conscience, dans un pays où beaucoup préféraient se taire. Elle contribue à la diffusion clandestine du célèbre message de Monseigneur Saliège, archevêque de Toulouse, qui dénonçait les rafles de Juifs. Ce texte, écrit en août 1942, fut un électrochoc. Gineste le mimeographie à la main, le distribue dans les paroisses, le colle sur les murs, au péril de sa vie.
> À travers cet acte, elle devient la passeuse d’un cri d’humanité, une femme de terrain, dont le courage tranquille a permis à un message de vérité de circuler malgré la peur et la censure.

Un courage reconnu… tardivement
Comme beaucoup de résistants de l’intérieur, elle a longtemps gardé le silence sur son engagement. Ce n’est que des décennies plus tard que son action est pleinement reconnue. Elle a reçu plusieurs distinctions, dont la Légion d’honneur. Elle a été nommée Juste parmi les Nations par Yad Vashem, pour avoir contribué au sauvetage de Juifs pendant la Shoah.
> Elle a aussi beaucoup témoigné, notamment dans les établissements scolaires, pour transmettre la mémoire de la Résistance et de la déportation. Jusqu’à sa mort en 2020, elle est restée une figure de dignité, de lucidité, et de transmission. Une femme de l’ombre, dont la lumière éclaire aujourd’hui l’Histoire.
C’est la preuve vivante que le courage ne se mesure pas à l’écho médiatique. Mais à la force morale de tenir bon quand tout vacille. Son engagement, souvent silencieux, a sauvé des vies. Aujourd’hui, il mérite de souvenir avec autant de force.
